EXPULSION DE LOCATAIRES DEVANT LE  TRIBUNAL

 

Les procédures  en expulsion  pour loyers impayés  devant le Juge des contentieux de la protection sont extrêmement longues  ce qui entraient bien souvent des situations assez difficiles , car tous les bailleurs ne sont pas des banques ou des compagnies d’assurance .

La plupart des bailleurs sont des personnes  physiques  qui ont besoin du paiement du loyer pour rembourser leur emprunt immobilier .

Le législateur certainement conscient de ce problème  a réformé la procédure en la matière par la Loi du  27 Juillet 2023.

Plutôt que de parler de réforme , on pourrait dire qu’il s’agit  ‘’ d’une réformette ‘’ tellement certaines mesures  sont manifestement insuffisantes.

Pour comprendre ces modifications il faut partir de l’ancienne réglementation.

Lorsque votre locataire  ne paye plus son loyer ,  adressez lui  une mise en demeure en recommandé avec  accusé de  réception.

S’il ne répond pas , il faut faire appel à un commissaire de  justice ( ex huissier ) pour qu’il lui délivre un commandement de payer visant la clause résolutoire.

Etant précisé que cette nouvelle loi rend  obligatoire l’insertion d’une clause résolutoire dans le contrat de bail .

Cette nouveauté n’apporte rien de  plus car quasiment tous les contrats de bail prévoyaient déjà cette clause résolutoire.

Le  commissaire de justice  qui délivrera le commandement de payer devra également informer la  CCAPEX  (  commission de coordination des actions de préventions des expulsions ).

Le locataire avait un  délai de 2 mois soit pour payer ses arriérés soit pour saisir le juge  pour  contester sa dette ou demander des délais de paiement.

Désormais ce délai de 2 mois est réduit à 6 semaines .

A l’expiration de ce délai de 6 semaines , si le locataire n’ a pas payé sa dette ou s’il n’a pas saisi le tribunal , les effets de la clause résolutoire sont acquis.

Le  bailleur peut donc saisir le juge des référés afin de faire constater l’acquisition de cette clause résolutoire  et  dire que le locataire est devenu occupant sans droit ni titre pour que son expulsion puisse être ordonnée.

Le bailleur  délivrera une assignation en justice à son locataire .

Avec l’ancienne loi le délai entre la délivrance de l’assignation au locataire et l’audience  était  d’au moins de 2 mois .

Désormais il est d’au moins  6  semaines .   La nouvelle loi permet au bailleur de gagner  4 semaines , ce qui n’est pas une révolution pour des procédures qui durent  généralement plus  d’un an.

Par contre les deux délais de 2 mois continueront à s’appliquer si le bailleur est un personne morale ( société , association…) sauf  s’il s’agit d’une SCI familiale .

Le commissaire de justice devra également  transmettre l’assignation à la CCAPEX.

L’affaire peut être plaidée dés la première audience dans les  situation suivantes :

-le locataire ne vient pas à l’audience

– Le locataire vient à l’audience et décide de se défende tout seul.

-le locataire  a pris un avocat qui décide de plaider

Cette dernière  situation est assez rare car l’avocat demandera toujours un report de l’affaire  pour obtenir les pièces du bailleur et pour faire des  conclusions  en défense.

Dans tous les autres cas l’affaire est renvoyée ,une , deux ou trois fois maximum  surtout en référés qui est la juridiction de l’’ l’urgence ‘’  pour que l’avocat du locataire puisse se préparer et conclure en défense .

Avec l’ancienne loi le locataire pouvait toujours demander au Tribunal des délais de paiement et des délais pour quitter les lieux .

Désormais il ne peut demander des délais que s’il justifie  avoir repris de manière régulière le  paiement de son loyer .

A défaut le Tribunal ne pourra pas lui accorder le moindre délai .

Une fois que l’affaire est plaidée , le Tribunal la met en  délibéré   et donne une date à laquelle sa décision sera rendue ( généralement et cela dépend de chaque  tribunal  entre 15 jours et 2 mois ).

Lorsque le jugement est rendu ,  qu’il prononce l’expulsion du locataire et sa condamnation à payer les arriérés de loyer , le commissaire de justice signifiera au locataire  la décision  et procédera à son exécution .  ( saisis auprès du locataire  s’il ne paye pas les condamnations prononcées par le tribunal ).

Le tribunal fixera également l’indemnité d’occupation ( généralement le même montant que le loyer )  qui est due dés la signification du jugement au locataire et jusqu’ à son départ effectif des lieux.

Le commissaire de justice   signifiera au locataire un commandement de quitter les lieux  .

Le délai pour quitter les lieux est de 2 mois

Mais il peut être raccourci ou supprimé  dans certains cas mais il faut que le  bailleur en ai fait la demande au tribunal.

Si au bout des ces 2 mois le locataire n‘a pas libéré les lieux , le commissaire de justice  pourra demander à la préfecture le concours de la force publique pour expulser  le locataire .

Etant précisé que pendant la trêve hivernale  ( du 01 Novembre au 31 Mars ) aucune expulsion ne peut être  effectuée.

Come la décision est assortie de l’exécution provisoire de droit , le locataire doit payer les sommes mises à sa charge même s’il fait appel de la décision.

Cela permet d’éviter les appels abusifs pour gagner du temps

Si le locataire , devenu occupant sans droit ni titre , ne quitte pas volontairement les lieux la nouvelle loi prévoit qu’il peut être condamné à une amende d’un montant de 7 500 € maximum.

Si cette nouvelle disposition est intéressante sur le papier, elle pratique elle ne s’appliquera pas souvent .

En effet, pour cela le bailleur doit au préalable déposer une plainte contre le locataire .

Le temps  que cette plainte soit instruite et que l’affaire soit fixée à une audience du Tribunal il va s’écouler plusieurs mois  voire même peut être plusieurs années.

Cette amende de 7500 € ne sera pas souvent dissuasive , car le locataire qui ne paye pas son loyer  n’aura pas peur  d’être condamné  en plus à une amende quelque soit son montant .

Lorsque la  préfecture refuse d’accorder la force publique ,généralement dans des cas humains difficiles , ( personnes âgées , mère célibataire avec plusieurs enfants et avec des revenus modestes ….)  l’Etat peut être condamné à payer au bailleur  l’indemnité d’occupation  et seulement l’indemnité d’occupation et non pas les arriérés de loyer .

Le locataire peut faire appel de cette décision mais compte tenu de l’exécution provisoire il devra payer les arriérés.

Le locataire peut  également saisir le juge de l’exécution  pour demander  des délais pour quitter les lieux.

Avec l’ancienne loi les délais pouvaient aller  jusqu’à 3 ans .

Désormais ils sont de 1 an maximum.

Pour cela le locataire doit prouver qu’il est de bonne foi ,qu’il s’acquitte de sa dette  et qu’il justifie faire des démarches sérieuses pour se reloger .

Lorsque le locataire est parti sans prévenir avant même qu’une action en justice soit engagée contre lui.

Le bailleur peut demander à un commissaire de justice de faire une sommation  au locataire d’avoir à justifier son occupation des lieux loués.

A défaut de réponse dans le mois , le commissaire de justice  pourra pénétrer dans le logement pour constater  l’abandon du logement .

Le  bailleur pourra adresser au tribunal un requête afin de prononcer la résiliation du contrat de bail et la reprise du logement.

 

Me BAYLE BESSON

Avocat